La transition énergétique est-elle en péril ? L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) tire la sonnette d’alarme, soulignant l’urgence d’agir pour respecter les engagements de l’accord de Paris.
L’AIE, à l’approche de la COP28, alerte sur les conséquences potentiellement “énormes” de l’inaction face au réchauffement climatique. Selon le dernier World Energy Outlook, bien que la demande de combustibles fossiles pourrait atteindre son apogée avant 2030, des efforts accrus sont nécessaires pour maîtriser le changement climatique.
Un constat alarmant
L’AIE, dans son dernier rapport, met en lumière une réalité préoccupante : malgré une augmentation notable de 40% des énergies renouvelables depuis 2020, la demande en énergies fossiles reste forte. Cette tendance pourrait compromettre les objectifs de l’accord de Paris, qui vise à contenir la hausse des températures à 1,5°C. « Certaines des pressions immédiates de la crise énergétique mondiale se sont atténuées, mais les marchés de l’énergie, la géopolitique et l’économie mondiale restent instables et le risque de perturbation supplémentaire est toujours présent. Les prix des combustibles fossiles ont baissé par rapport à leurs sommets de 2022, mais les marchés sont tendus et volatils », note le rapport de l’AIE.
La COP28 à Dubaï approche, et l’AIE espère influencer les débats. Elle peut compter sur le soutien de la coalition We Mean Business, qui regroupe des entreprises majeures comme Bayer, Volvo et Nestlé, toutes engagées pour une réduction drastique des émissions de CO2.
Des actions concrètes pour un avenir durable
Face à cette urgence, l’AIE propose un plan d’actions basé sur cinq piliers. L’objectif ? Multiplier par cinq les investissements dans la transition énergétique d’ici 2030, en mettant l’accent sur les pays en développement. « La question n’est plus de savoir si, mais quand elle aura lieu », a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE.
La coalition We Mean Business, avec ses entreprises partenaires, vise également à augmenter la part des énergies renouvelables et à améliorer l’efficacité énergétique. Ensemble, ils espèrent influencer positivement la transition énergétique mondiale.
2035 : un tournant pour les énergies fossiles ?
Bien que la part des énergies fossiles devrait diminuer, des pics de consommation sont attendus. La croissance rapide de certains pays et les changements de consommation dans les pays développés pourraient être responsables de ces augmentations.
La Chine, après avoir connu un pic de consommation, mise désormais sur les énergies renouvelables. Comme le rapporte Le Monde, la Chine a récemment mis en service une éolienne record de 16 mégawatts au large des côtes du Fujian. Cette prouesse technologique, exploitée par la China Three Gorges Corporation, possède des pales de 123 mètres de long et un rotor couvrant une surface de 50 000 mètres carrés. Une fois opérationnelle, elle devrait produire plus de 66 millions de kilowattheures d’électricité, équivalant à la consommation de 36 000 foyers de trois personnes. Cette annonce, faite le 28 juin 2023, s’inscrit dans les efforts continus de la Chine en matière d’énergie renouvelable. Pour le charbon, le pic devrait être atteint prochainement, mais pour le gaz et le pétrole, il faudra attendre 2050. La clé réside dans le financement de solutions durables.
L’avenir de la transition énergétique
Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, souligne que la transition énergétique est inévitable. La vraie question est de savoir quand elle se produira. Les conclusions du rapport peuvent sembler nuancées, mais l’AIE reste optimiste. « Les énergies renouvelables devraient contribuer à 80% de la nouvelle capacité énergétique d’ici 2030 dans le STEPS (Stated Policies Scenario), le photovoltaïque représentant à lui seul plus de la moitié. Cependant, cela n’utilise qu’une fraction du potentiel mondial. Le solaire est devenu une industrie mondiale majeure et est prêt à transformer les marchés de l’électricité, même dans le STEPS. Mais il y a une marge importante pour une croissance supplémentaire compte tenu des plans de fabrication et de la compétitivité de la technologie. D’ici la fin de la décennie, le monde pourrait disposer d’une capacité de fabrication de plus de 1 200 GW de panneaux par an. Mais dans le STEPS, seulement 500 GW sont déployés mondialement en 2030 », indique le rapport.
Tout repose sur la COP28 et sa capacité à établir des objectifs ambitieux. Le respect de ces objectifs par les pays et l’évolution du contexte international seront également déterminants.