Singapour arrive en tête du classement de l’étude Pisa qui a évalué le niveau des élèves de 15 ans en sciences, en mathématiques et en compréhension de l’écrit dans 72 pays. Comment ce pays éduque-t-il ses petits singapouriens?
Que sait-on vraiment de Singapour, cette cité-Etat d’Asie du Sud-Est ? Nous en avons l’image d’un endroit moderne, propre, tourné vers les technologies. En lisant les blogs d’expatriés, on comprend que la population est désireuse de garder la ville en ordre. Un état d’esprit qu’il nous est difficile d’imaginer en France où chewing gum, papiers et autre détritus jonchent nos routes. Les singapouriens sont également très précautionneux avec les déchets disposant de poubelles spécifiques, les chewing gum ne peuvent d’ailleurs pas être importés sur le territoire. Ce petit pays de 719,1 km² dégage une image de pureté et de rigueur qui se reflète dans les résultats scolaires des enfants.
L’étude Pisa de 2015, positionne Singapour en tête du classement parmi tous les pays de l’OCDE, la France est loin derrière au 26ème rang. Les bons résultats scolaires des petits singapouriens sont particulièrement surprenants en mathématiques. Singapour affiche un score de 564 dans cette matière contre 493 en France. Deux autres domaines sont comparés dans ce tableau, les sciences pour lesquelles Singapour a récolté 556 points contre 495 pour la France et la lecture avec 535 points pour Singapour contre 499 pour la France. Le niveau scolaire des enfants de Singapour représente ainsi deux niveaux d’avance par rapport à la moyenne des autres pays de l’OCDE. L’accent est également mis sur les langues principalement l’anglais et le chinois, non présents dans cette évaluation.
Mais qu’est ce qui explique le niveau académique élevé de Singapour ? L’enseignement à Singapour peut être caractérisé de très strict et élitiste, ce qui s’explique par le fait que l’intelligence est la seule ressource du pays. Les élèves portent l’uniforme obligatoire et une coupe de cheveux réglementaire pour les garçons. Ils travaillent de nombreuses heures en commençant à 7h20 le matin, ils sont également très disciplinés. Chaque matin, ils font une lecture silencieuse avant d’écouter l’hymne national et prêtent allégeance au drapeau. Une large partie des enfants suivent également des cours privés après la journée et il n’y a pas beaucoup de vacances scolaires. De plus, les enseignants y sont évalués très régulièrement, leur rôle est valorisé dans la société et ils sont bien rémunérés mais pas seulement.
A son indépendance en 1965, le pays suivait encore l’éducation d’autres Etats. Dans les années 1980, Singapour a eu pour ambition de se développer, de construire des ponts, des bâtiments et autres infrastructures. Ils ont eu besoin pour cela d’ingénieurs et de mathématiciens. Le ministère de l’Education a mis l’accent sur les mathématiques et des experts ont été chargés de mettre au point une méthode innovante. L’approche de cette méthode consiste à passer du concret à l’abstrait, du plus simple au plus complexe. Les élèves passent ainsi par une représentation des nombres qui va les aider à créer une image mentale. Autrement dit, ils ne font pas du tout de « par cœur » mais apprenne en comprenant logiquement. Il s’agit par exemple de problèmes du type, 2 oranges sont dans le panier à fruit et 1 est tombée du panier, combien y en a-t-il en tout ? Les enseignants utiliseront de vrais oranges pour commencer, puis ils dessineront des oranges au tableau puis ils passeront aux nombres 2 + 1 = 3. Les enfants comprennent ainsi davantage le raisonnement mathématique. Pour certains problèmes, ils sont également encouragés à dessiner une représentation visuelle de la question posée.
D’autres pays comme les Etats-Unis ou Israël utilisent également cette méthodologie. Depuis 2007, la France a commencé à tester la méthode de Singapour dans environ 2 000 classes. Alors que les mathématiques se compliquent dans les classes suivantes, les singapouriens ont ainsi des fondations solides qui reposent sur leur propre discernement et logique. Les enseignants prennent également le temps de transmettre les démarches mathématiques jusqu’à la maîtrise parfaite de chaque élève. Ils peuvent ainsi comprendre des problèmes de plus en plus complexes et les résoudre. Les mathématiques sont la clé de l’intelligence. Certes elles nous permettent de construire et de développer nos villes mais aussi de comprendre d’où nous venons et comment notre univers fonctionne.