Alors que les gouvernements cherchent par tous les moyens à réduire les émissions de carbone, des chercheurs ont observé que les éléphants de forêt d’Afrique nous protégeaient du réchauffement climatique. En arrachant de jeunes arbres, ces pachydermes contribuent à réduire les gaz à effet de serre ont rapporté les scientifiques dans une étude publiée lundi 23 janvier 2023 dans la revue Proceedings of the national academy of sciences. Ils laissent ainsi la place à d’autres arbres pour se développer leur permettant d’emmagasiner d’importantes quantité de CO2.

Pourquoi les forêts africaines stockent-elles plus de carbone que les forêts amazoniennes ? Cela s’explique en partie par la quantité de grands arbres présents en Afrique. Ces derniers absorbent une quantité énorme de CO2. Et c’est en partie grâce à l’action des éléphants de forêt d’Afrique que ces arbres se développent. En effet, ces mammifères ont besoin d’engloutir des kilos de végétation chaque jour. Pour cela, ils n’hésitent pas à traverser les forêts tropicales d’Afrique. Ils piétinent de nombreux végétaux, tirent les tiges, creusent pour trouver des racines et arrachent les jeunes arbres. C’est comme cela qu’ils favorisent le développement des autres arbres, éliminant ainsi la concurrence. Ces derniers grandissent et parviennent à absorber de grandes quantités de CO2 luttant en même temps contre le réchauffement climatique.
Les éléphants de forêt nous protègent contre le réchauffement climatique
Dans les forêts africaines, les éléphants de forêt cherchent quotidiennement les végétaux qu’ils ont engloutir. Ces mammifères choisissent des arbres de bois léger pour se nourrir qui sont également à faible densité de carbone. Ils laissent les arbres à haute densité de carbone plus lourds. Cette action permet d’éviter la concurrence entre les arbres. Les arbres restants peuvent d’autant plus se développer et emmagasiner ainsi davantage de CO2. Les pachydermes éclaircissent ainsi la forêt.
Mais ce n’est pas tout. Comme le souligne Sciencepost, les éléphants se nourrissent également d’arbres fruitiers. Ils ingèrent notamment les graines de ces fruits puis parcourent de nombreux kilomètres lors desquels ils sèment les graines par le biais de leurs excréments. Les éléphants sont donc à l’origine de nouvelles pousses d’arbres à travers la forêt.
« Les éléphants sont les ingénieurs de l’écosystème de ces forêts » a déclaré le chercheur François Bretagnolle dans des propos rapportés par Le Figaro. Les auteurs de l’étude ont pu démontrer à quel point ces pachydermes étaient essentiels pour entretenir ces gigantesques forêts tropicales. « Une conservation réussie des éléphants contribuera à l’atténuation du changement climatique à l’échelle mondiale» peut-on lire dans l’étude.
Une autre étude datant de 2019 intitulée Le travail de l’ombre des éléphants a permis de montrer que le comportement des éléphants d’Afrique permettait d’accroître la quantité de carbone stockée dans la forêt tropicale d’Afrique centrale. Selon les données, un seul éléphant peut permettre d’augmenter le captage de carbone des forêts tropicales de 9.500 tonnes métriques de CO2 par km². Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont comparer deux zones dans le bassin du Congo. Dans la première, les éléphants étaient actifs et ils n’étaient pas présent dans la deuxième. Les scientifiques ont noté que les éléphants augmentaient le diamètre moyen des arbres. Ils permettent également d’accroître la biomasse au-dessus du sol.
Nous ne parviendrons pas à la neutralité carbone si nous n’investissons pas dans des solutions fondées sur la nature” – Fabio Berzaghi, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de Gif-sur-Yvette
Les éléphants en voie d’extinction
Que ressentirions-nous si l’on apprenait un matin qu’il n’y a plus d’éléphants sur Terre ? Malheureusement, les éléphants sont menacés d’extinction. Ces mammifères ont été traqués depuis des millénaires par l’homme notamment pour leurs ivoires précieux. Le braconnage continue à nuire aux éléphants. On estime que le nombre d’éléphants de forêt d’Afrique a chuté de plus de 86% depuis les années 1990. Ils étaient 1,1 million dans les années 70 et ils n’étaient plus que 100.000 en 2013. Leur population a été décimée. Les éléphants se trouvent essentiellement au Gabon. On en dénombre environ 95.000 dans cette région du globe. Pour cette raison, les éléphants de forêt d’Afrique sont classés en danger critique d’extinction sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). Il faut également savoir que les éléphants mettent plus de temps à se reproduire avec une gestation de 22 mois en moyenne.
Si les éléphants venaient un jour à disparaître, cela pourrait entraîner une chute de 6% à 9% de la capacité des forêts africaines à absorber le carbone atmosphérique. Cela aurait une conséquence directe sur le changement climatique. « Un éléphant vivant fournit des services valant des millions, il nous aide à lutter contre le changement climatique et vaut beaucoup plus vivant que mort », a déclaré Ralph Chami, directeur adjoint de l’Institut de développement des capacités du fonds monétaire international (FMI) dans des propos rapportés par la BBC.



Préserver le bassin du Congo
Ralph Chami veut investir dans la nature afin de ne pas perdre ce précieux trésor. Pour cela, il faudrait accroître le nombre d’éléphants et revenir à un nombre proche à celui des années 70. Cela permettrait d’augmenter considérablement les niveaux d’absorption du carbone jusqu’à 13 tonnes métriques par hectare. Cette stratégie permettrait selon l’étude de Fabio Berzaghi, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de Gif-sur-Yvette de préserver la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Si le nombre d’éléphants pouvait revenir à 1,2 million, cela représenterait une valeur de capture de carbone estimée à 36 milliards de dollars.
En protégeant les éléphants, nous protégeons également les êtres humains du réchauffement climatique. À l’inverse, sans eux le changement climatique s’accélérera avec des saisons plus sèches qui vont avoir un impact direct sur les arbres. Pour protéger les éléphants, plusieurs projets ont vu le jour comme le programme Elephants for Africa – coexistence humains-éléphants de la Fondation GoodPlanet. Le Gabon a également créé 13 parcs nationaux afin de protéger les éléphants tout comme les gorilles, les chimpanzés et les panthères.