Boire l’eau du robinet est-il dangereux pour la santé ? C’est la question que se pose un grand nombre de Français. D’après des données de 2018 de TNS-SOFRES, 66% des français affirment boire de l’eau du robinet quotidiennement contre 47% pour de l’eau embouteillée. Certains préfèrent d’ailleurs ne boire que de l’eau de bouteille jusqu’à s’en servir pour préparer leur café. Pourtant, l’eau du robinet est contrôlée de près sur le territoire afin de garantir sa potabilité.
L’eau du robinet coûte 100 à 300 fois moins cher
De plus en plus de Français se tournent vers l’eau du robinet. Plus économique et plus écologique que l’eau contenue dans des bouteilles en plastique, l’eau du robinet coûte environ 0,3 centime par litre contre 30 centimes le litre pour l’eau embouteillée. Ce qui peut représenter une eau du robinet 100 à 300 fois moins cher selon les marques d’eau en bouteilles.
L’eau du robinet est assurément potable même si certains Français n’apprécient pas toujours son goût. De son côté, l’eau en bouteille doit respecter les mêmes normes que l’eau potable mais les traitements autorisés pour parvenir à une eau potable sont plus restreints. Il n’y a pas de désinfection de l’eau par exemple mais l’eau en bouteille doit provenir d’une source souterraine.
Sur le plan écologique, l’eau du robinet a l’avantage de ne pas nécessiter de contenants. Il faut savoir qu’une eau embouteillée nécessite 100 ml de pétrole et 2 litres d’eau. De plus, une bouteille d’eau sur deux est correctement recyclée.
Des traces de pesticides dans l’eau du robinet
Cependant consommer de l’eau du robinet peut inquiéter certains consommateurs. Des données révélées jeudi 22 septembre 2022 par Le Monde et collectées auprès des agences régionales de santé (ARS) indiquent que 20% des Français, soit environ 12 millions, ont été concernés par des dépassements de seuils de qualité pour les pesticides et métabolites en 2021.
Des chiffres inquiétants qui mettent en garde les Français contre une eau de robinet non conforme aux critères de qualité. Selon le ministère de la santé, 5,9% des Français (seulement) avaient reçu une eau contenant des pesticides. Les Hauts-de-France sont le territoire le plus touché. En effet, 65% de sa population a reçu une eau non conforme. Pour autant, cela ne signifie pas que boire cette est toxique. Les seuils étant bien au-dessus d’une eau qui sera dangereuse à la consommation.
L’eau, une denrée hautement surveillée
Malgré tout, l’eau potable est l’un des produits alimentaires les plus surveillés. Les installations sont régulièrement contrôlées. De plus, “une surveillance indépendante est réalisée par les Agences régionales de santé (ARS) à toutes les étapes du service d’eau potable” comme l’indique EauFrance, le service public d’information sur l’eau. En cas de dépassement du seuil, le producteur d’eau potable doit en informer le préfet. Des mesures sont alors prises pour protéger au mieux la santé des Français.
L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a analysé deux molécules issues de pesticides pouvant être présentes dans l’eau du robinet. Elle a publié le 30 septembre 2022 deux avis afin de changer le statut de l’ESA-métolachlore et du NOA-métolachlore des dérivés du S-métolachlore, un herbicide largement utilisé dans la culture du maïs. Ces dernières considérées comme pouvant représenter un risque pour la santé avec une eau déclarée « non conforme » dès lors que leur présence était détectée à plus de 0,1 microgramme par litre (μg/L).
Toutefois, l’Anses a désormais revu à la baisse ses exigences. En effet, le seuil est passé de 0,1 à 0,9 μg/L, de quoi inquiéter puisqu’avec ce nouveau seuil, il y aurait 32 fois moins de non-conformités. De cette façon,« 97% des eaux distribuées déclarées non conformes suite à un dépassement de la valeur de qualité pour l’ESA-métolachlore, redeviendraient conformes ». Un « tour de passe-passe », a expliqué l’association Générations futures.
Ce changement intervient alors qu’en 2021, de nouvelles études portaient sur la génotoxicité de ces deux métabolites. L’Anses a finalement analysé ces données et décidé d’annuler le principe de précaution appliqué à ce moment. Si vous souhaitez vérifier la qualité de l’eau de votre ville, rendez-vous sur le site de l’UFC Que-choisir. Vous pourrez consulter la qualité bactériologique de l’eau mais aussi les polluants agricoles (nitrates et pesticides), la radioactivité et les paramètres physico-chimiques.
Interdire les pesticides de synthèse
Les pesticides de synthèse sont particulièrement nocifs pour l’eau potable. C’est pourquoi, l’association Avenir Santé Environnement qui rassemble 80 associations a publié une tribune sur le site de franceinfo.tv. Elle demande « une sortie totale des pesticides de synthèse d’ici cinq ans » soulignant que « nous ne pourrons pas dire à nos enfants que nous ne savions pas ». Ces pesticides nuisent à la biodiversité et sont néfastes pour la santé de l’homme contaminant l’air, les sols et l’eau comme le rapport l’association.
« Conformément à ses engagements, nous demandons à l’Etat Français de reconsidérer sa position sur les pesticides de synthèse qui dégradent la santé, l’environnement, et l’avenir de nos générations futures. »
L’association a d’ailleurs énuméré les risques qu’entraînent les pesticides contaminant les cultures biologiques et menaçant l’apiculture. Elle alerte sur le fait que la France est l’un des principaux consommateurs de pesticides en Europe mais aussi sur le fait que la quasi-totalité des cours d’eau en France est contaminée.