Les trentenaires se souviennent probablement des immenses surfaces de bitume qui servaient de cours de récré. Dans les années 90 on y dessinait des marelles à la craie. Mais une petite révolution est en cours… avec la multiplication des canicules, de nombreuses villes ont décidé de remplacer le bitume par des végétaux. C’est déjà le cas à l’école André-Boulloche, à Montpellier mais aussi à l’école Desbordes-Valmore, Bois-Blancs, à Lille.
Terminé le béton dans les cours d’école. À l’école Desbordes-Valmore de Lille on a choisi de transformer la cour de récré pour recréer un espace végétal épanouissant pour les enfants mais aussi afin de créer des îlots de fraîcheur, essentiel durant les périodes de canicule. Pour cela, deux tiers de matériaux drainants vont être installés ainsi qu’un tiers de pleine terre. À la rentrée, les 16 classes de 358 élèves découvriront alors un tout autre décor. Ils pourront profiter d’un bel espace de jeu avec des arbres, un potager mais aussi des cabanes. L’école a également eu l’idée d’installer un amphithéâtre permettant de faire classe à l’extérieur.
Plusieurs tonnes de goudron ont déjà été retirées. Seuls sont préservés les platanes. Charlotte Brun, adjointe à l’éducation, a expliqué à La Voix du Nord : « Ce n’est pas du tout une démarche décorative et cela ne sert pas que le rafraîchissement, c’est aussi un support à un changement de pratiques au sein de l’école à travers l’éducation à la biodiversité notamment ». Il aura fallu débourser 1,2 million d’euros pour réaliser ce chantier ainsi que la « débitumisation » de deux autres cours d’école, celle de Descartes-Montesquieu et celle de Brasseur. Lille est d’ailleurs l’un des dix sites pilotes des Solutions d’adaptation fondées pour la nature (SafN) présentées comme un levier indispensable pour répondre aux enjeux d’adaptation au changement climatique et de préservation de la biodiversité.
Mais ce n’est pas tout. La ville de Lille a une enveloppe de 70 millions d’euros d’investissement afin de transformer cinquante bâtiments municipaux environ qui pourront faire face au réchauffement climatique. « Les travaux de rénovation énergétique sont très importants mais le défi est aussi de réintroduire de la nature en ville » a ajouté Charlotte Brun. Des efforts sont faits dans de nombreuses villes françaises. Les espaces végétalisés devraient se multiplier.
Depuis plusieurs années, la ville d’Aix-en-Provence favorise le retour de la nature en ville. La ville fait d’ailleurs de la végétalisation l’une de ses priorités. La ville détient des serres de 7 hectares produisant chaque année 75.000 végétaux adaptés au climat méditerranéen. Pour choisir ces plantes, la ville s’est inspirée de la végétation de la garrigue et des couleurs utilisées par Paul-Cézanne. Ces végétaux sont ensuite replantés dans les espaces verts de la ville. Tous ces espaces verts permettent de favoriser la biodiversité dans le centre ville d’Aix-en-Provence.
À Montpellier, une trentaine d’espèces de végétaux ont été plantés dans la cour de récré. Goyavier, sauge, cornouiller, jasmin, les enfants pourront découvrir une multitude de plantes. Les plantes ont été adaptées au climat, au sol mais aussi aux enfants. « On ne va pas utiliser de plants qui sont toxiques, de plantes invasives, de plantes qui attirent trop les abeilles parce qu’on va éviter l’invasion de petites bêtes qui pourraient être dommageables aux enfants », précise Alexandre Somme, chargé de projet de l’école de Montpellier.
500 mètres carrés de sol sont désormais des copeaux de bois d’épicéa sans échardes et non toxique. Pour la première adjointe au maire de Montpellier, végétalisme permet de rafraîchir et d’éviter que le béton renvoie la chaleur. Les enfants feront de nouvelles découvertes et expérimentations grâce à ces nouveaux espaces. Ils pourront toucher les fleurs, découvrir les insectes et observer les bourgeons au printemps. Quatre ou cinq autres écoles de la ville devraient voir le béton être remplacé par des végétaux.