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Energie : quelles solutions pour s’émanciper de la Russie ?

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Au onzième jour du conflit en Ukraine, les sanctions européennes et américaines sont de plus en plus sévères envers la Russie. Le président Joe Biden a annoncé ce mardi 8 mars 2022 un embargo sur les importations de pétrole et de gaz russes aux Etats-Unis. Du côté de l’Europe, une interdiction d’embargo est à l’étude. Cependant, les répercussions d’une telle mesure doivent être analysées. Alors que la France importe relativement peu de gaz de Russie ce n’est pas le cas d’autres pays comme l’Allemagne, la Lettonie ou la Finlande.

Difficile pour l’Europe de ne plus s’approvisionner en Russie

L’année dernière, l’Union européenne a importé 62% de son énergie de Russie. Les importations de pétrole brut en provenance de ce pays représentent 20% et 40% pour le gaz. Du côté des Etats-Unis seuls 3% du pétrole russe est importé. Toutefois, les quantités importées varient selon les pays européens. Ainsi, le Royaume-Uni importe 8% de pétrole russe, 9% pour la France et près de 42% pour l’Allemagne. De plus, la France importe 17% de gaz russe contre 55% pour l’Allemagne.

L’Allemagne étant l’un des pays les plus dépendants de la Russie, le pays est contraint pour le moment de maintenir ses importations en provenance de Russie afin d’assurer ses besoins en électricité. Le pays s’est donc prononcé en défaveur d’une interdiction des importations de gaz, pétrole et de charbon venant de Russie. De son côté l’économie russe souffrirait grandement d’un arrêt des exportations d’hydrocarbures. En effet, près de la moitié de ses exportations concernent le pétrole et le gaz. En tout, le pays a réalisé 230 milliards d’euros de recettes pour le gaz, le pétrole et les produits pétroliers raffinés.

D’autres sources d’énergies alternatives pour l’Europe

L’Europe cherche de toute urgence à diversifier ses approvisionnements en gaz pour l’hiver prochain. D’autres fournisseurs pourraient donc venir en aide à l’Europe comme les Etats-Unis, le Canada, la Norvège, le Qatar ou encore l’Algérie. La difficulté pour les européens est d’évaluer si cet approvisionnement sera suffisant pour les besoins en gaz. Si l’Union Européenne décide de ne plus importer de gaz russe elle “devrait réduire sa demande d’au moins 10 à 15%” même avec de nouveaux approvisionnements d’après une étude du centre de réflexion Bruegel. C’est pourquoi Bruno Le Maire a demandé aux Français de “faire beaucoup plus attention à nos consommations d’énergie“.

Le manque de terminaux de regazéification est un autre problème de taille pour l’Europe. Dès lors qu’il est importé par bateau des Etats-Unis, du Qatar ou de l’Australie, le gaz naturel est liquéfié puis de nouveau gazéifié. L’Allemagne a donc entrepris de construire deux nouveaux terminaux. Toutefois, ces derniers ne seront opérationnels qu’en 2026. Le pays réfléchit également à maintenir trois de ses centrales nucléaires qui devaient être à l’arrêt. De son côté, l’Italie pourrait remettre ses centrales au charbon en marche.

Quel mix énergétique pour la France dans les prochaines années ?

Le nucléaire est l’énergie essentielle au mix énergétique français avec 75% de la production française d’électricité d’origine nucléaire. Déjà après le choc pétrolier de 1970, Valéry Giscard-d’Estaing, alors président, avait pour objectif de propulser le nucléaire avec l’idée que la France devienne une puissance énergétique indépendante. Emmanuel Macron a également fait le choix d’une relance du nucléaire. Selon lui, la décarbonation de notre mix énergétique sera impossible sans de nouveaux réacteurs. C’est pourquoi, il a annoncé le 10 février 2022, le lancement de six nouveaux EPR. Le premier devrait être en service d’ici à 2035. Huit autres réacteurs pourraient également être construits.

Dans sa stratégie Emmanuel Macron a également annoncé vouloir davantage d’éolien en mer et de solaire. Il pencherait donc pour 50% de nucléaire et 50% d’énergies renouvelables. Ces dernières sont capitales pour la décarbonation du mix énergétique de la France. Emmanuel Macron souhaite privilégier le solaire et envisage de multiplier par dix la puissance actuelle d’ici 2050 afin de dépasser les 100 gigawatts. Une cinquantaine de parc éoliens en mer devraient également voir le jour d’ici 2050. Ils devraient générer une puissance de 40 GW.

Le conflit en Ukraine pourrait ainsi redessiner les flux d’importations d’énergies et nous orienter vers un nouveau type de mondialisation.

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