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Le revenu universel de base, la Finlande en avance

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Les pays scandinaves sont connus pour être en avance dans de nombreux domaines tels que les énergies renouvelables, l’éducation ou la santé publique. La Finlande souhaite aller encore plus loin en expérimentant le revenu universel de base.

Le Premier ministre finlandais, Juha Sipilä a présenté un projet de loi concernant la mise en place d’un revenu inconditionnel d’existence versé tous les mois à chaque citoyen qui remplacerait toutes les autres aides.

Qu’est-ce que le revenu universel de base ?

Le revenu de base est un dispositif permettant à chaque citoyen de percevoir un revenu minimum, sans conditions, que chacun peut compléter en travaillant. Chaque citoyen reçoit ce revenu indépendamment de sa situation familiale ou professionnelle sans distinction d’âge ou de santé.  Avec l’introduction de ce nouveau revenu, nous verrions donc disparaître les allocations chômage, aides au logement et pensions de retraite.

Le projet est soutenu en Finlande avec 79% de la population en faveur de ce système ainsi que 69% des députés. Les finlandais veulent être les pionniers en la matière et le Premier ministre compte bien concrétiser l’idée malgré les débats actuels entre les différents partis politiques concernant la somme allouée. En effet, les écologistes ont opté pour un salaire minimal de 440 euros, l’alliance de gauche pour 620 euros et les libéraux entre 850 et 1000 euros. Une étude montrait que pour éliminer totalement la pauvreté dans le pays, il faudrait allouer un revenu minimum de 1166 euros.

Et ailleurs en Europe ?  

Selon un récent sondage Ifop, 16% des personnes sont favorables à ce revenu minimum alors que 44% sont plutôt favorables. La Finlande relance donc le débat en Europe. Ce sujet du revenu universel de base revient très souvent, elle créé toujours d’importants clivages relatifs aux modifications sociétales qu’elles impliquent.

Ailleurs en Europe, l’idée fait également son chemin. En Hollande, la ville d’Utrecht, va tenter l’expérience en janvier 2016 mais avec une centaine de familles seulement. La Suisse va soumettre un référendum d’initiative populaire sur le revenu de base l’année prochaine. En France, la région Aquitaine réfléchit au sujet et prévoit de financer une étude de faisabilité de la mise en place d’un « RSA inconditionnel » d’un montant de 514 € pour un adulte seul dans ses départements les plus pauvres ; la Gironde, la Dordogne et le Lot-et-Garonne.

Le revenu de base, une utopie ?

Alors que le Premier ministre finlandais va tester l’idée dans les prochains mois, que penser de cette idée ? Rappelons qu’aujourd’hui, en 2015, un milliard de personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour et que la pauvreté touche de plus en plus de personnes dans le monde. Ce revenu pourrait donc permettre à chacun de vivre modestement et de lutter contre la pauvreté.

En Finlande, la proposition a été pensée depuis quatre ans. En 1912, Vera Hjelt, icône de la politique finlandaise, avait déjà défendu un programme similaire nommé « Comment vivre sans mourir de faim ? ».

Rousseau, Marx ou Cabet avaient déjà imaginé un tel dispositif. Ils pensaient justement que la terre appartenait à tous et que le système de la propriété privée a enrichi une poignée de personnes et a accru les écarts entre les plus riches et les plus pauvres. Il est donc plus que temps de corriger ces inégalités. Quelques soient nos ancêtres, nous avons tous les droit à une vie décente.

L’économiste Marc de Basquiat et le philosophe Gaspart Koenig sont revenus sur ce sujet dans un essai intitulé : «Liber, un revenu de liberté pour tous». L’économiste voit toutefois le modèle sous un autre angle avec le maintien des cotisations et un revenu de base pour, dit-il, assurer la survie de chaque individu. L’ancien ministre du budget, Eric Woerth a également évoqué l’idée dans son livre «Une crise devenue française, quelle politique économique pour la France?».

Ce revenu de base donnerait à chacun la possibilité de disposer du matériel et de l’alimentation nécessaires à sa survie. Toutefois, injecter ce revenu social détournerait-il la population du travail et les inciterait-ils à l’oisiveté ? Les citoyens auraient tout de même besoin de travailler s’ils veulent élever leur niveau de vie, le revenu de base restant modeste. Une étude réalisée montre que le travail est également un facteur d’identité, de sociabilité.

Mentionnons qu’en dehors de l’Europe, un dispositif similaire est déjà en place. En Alaska, les habitants se répartissent la rente minière et pétrolière de l’Etat depuis 1976. Cette expérience a montré que la population soit conservait son travail ou consacrer son temps à des associations ou activités utiles à la société. Moins de 5% restaient sans emploi et à ne rien faire. Ils ont également constaté une meilleure satisfaction collective, une baisse du taux de suicide, une diminution du stress des travailleurs, moins inquiets de perdre leur emploi. Ils ont également vu une augmentation de la vie associative et de l’action caritative.

Au lendemain de la crise financière, il est important de rappeler notre devise, Liberté, Egalité et Fraternité et d’encourager la France à repenser son modèle social, un Etat providence désormais obsolète et inefficace, et lui donner un nouveau souffle, un sens humaniste et égalitaire. Comme le rappelle si bien le site de l’association française, le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB), « Il n’est rien au monde d’aussi puissant qu’une idée dont l’heure est venue. » Victor Hugo.

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